Nous sommes des passeurs…

Je ne sais pas s’il existe plusieurs catégories de potiers ou céramistes…

Je sais surtout que je me sens comme une passeuse.

Je me sens aussi comme une passoire.

Un filtre

Longtemps je me suis posée la question suivante : je suis plutôt “les pieds sur terre” ou plutôt “la tête dans les nuages”. En fait c’est le genre de question qu’on pose aux uns et aux autres. “C’est une rêveuse", une artiste”. “Les mains dans le jardin, dans la terre, c’est une solide”…

Vous savez, vous, ce que vous êtes ? Enfin ce que vous êtes si la seule réponse est l’un OU l’autre.

Parfois en rigolant je dis que “mon Yin et mon Yang sont bien équilibrés”. Je suis joyeuse mais j’adore le silence. J’aime les grandes tablées de copains mais j’adore la solitude. J’aime contempler et rêver mais j’ai besoin de concret. Je suis pétillante au contact de couleurs mais la sobriété m’apaise et me fait un bien fou.

Dans mon métier je me sens ainsi. Quelque chose en moi est tourné vers l’espace, vers l’univers et ses questionnements. J’ai besoin de spiritualité, d’une part acceptée d’invisible parfois noire comme lumineuse. J’ai besoin du souffle. Je suis un souffle.

Ce souffle intériorisé me traverse et se concrétise par mon corps. C’est viscéral pour moi de créer. Aucune IA ne pourra me remplacer, elle pourra m’assister (pourquoi pas, dans la communication par exemple, ou pour me rappeler la recette d’un émail) mais créer est le surplus nécessaire à ma vie. Certes mes mains jouent comme on jouerait de la musique, c’est elle qui exécutent. Mais le corps est investi, pleinement. C’est l’instrument entier.

Voilà, c’est ça.

Tout est imbriqué

Ce n’est pas “la tête” ou “les mains”

Ce n’est pas le YIN ou le YANG

C’est un tout. Je suis une passeuse qui rend palpable ce qui s’anime autour de nous. Comme les beaux instants comme la lumière douce du matin caressant le bosselé d’un vase en cours de séchage…


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Capturer l’invisible…